Fragments d’épopée – 3


La Rébellion

 

Le grand chaos avait investi tout univers

Tout monde

Toute espèce

Toute race

Tout peuple

Tout clan

Toute famille

Tout individu

Tout vivant

 

Nul n’était exempt des conséquences du grand chaos

La haine et l’amour

La vie et la mort

Tout était lié

Le Chaos visait à ce que les principes de la vie disparaissent

Et que ceux de la mort se propagent

Pour que les Eléments et leurs alliés puissent se compter

Et prévaloir l’un sur l’autre

 

Mais les vivants étaient torturés

Et se tournaient vers les alliés

Et leurs demandaient des comptes

Voulaient comprendre

Pourquoi ils étaient la proie des grands chaos

Pourquoi au sein des espèces, des races, des peuples, des clans, des familles, des individus et des vivants eux-mêmes, il n’y avait que chaos

 

Mais d’explication il ne pouvait y avoir

Puisque les Eléments ne souhaitaient que les nommer et les compter pour prévaloir sur les autres

Ils craignaient que de la compréhension naisse la conscience, et de la conscience le savoir, et du savoir l’identification, et de l’identification la rébellion

 

Les Eléments se tournèrent contre ceux des vivants qui voulaient comprendre

Ils exigèrent de leurs alliés de combattre la compréhension et abolir toute revendication

Le grand Chaos s’accentua puisque les Eléments et leurs alliés combattaient non seulement les créatures des autres Eléments mais également les leurs

Ils créèrent pour leurs créatures la souffrance

La pitié

La peur

La honte

L’humilité

Le respect

La soumission

 

Les mondes ne connurent plus que malheur

Les cieux ne reflétaient plus que le sang déversé par les multitudes
Pour les Eléments et leurs alliés

Sans raison particulière

Il n’y eut plus une parcelle de tranquillité dans des univers marqués par l’effroi

 

La haine était dans tous les cœurs

Les vivants s’affrontaient au nom des principes et des illusions qu’ils en avaient

La mort était non seulement l’aboutissement mais le début de toute chose et tout être

Il n’y avait plus de finalité autre que la destruction

Les mondes avaient sombré

Ne restait que la mort

 

Le grand Chaos était maintenant si répandu que ni les Eléments, ni leurs alliés ne pouvaient le décrypter

Nul ne pouvait déterminer ce que chacun était

Ce que chacun pensait

Ce que chacun voulait

 

Et compter devint infiniment complexe

Les Eléments s’investirent tant dans cette tâche que certains vivants purent s’isoler

Réfléchir

Chercher en eux ce qui ne pouvait venir d’ailleurs

Et viser la compréhension par eux-mêmes

Loin des Eléments et leurs alliés qui s’appelaient dieux, déesses, prophètes, saints, idoles, justes, héros, bienheureux, élus, augures ou croyants

Et se regrouper

Et s’isoler des Eléments, de leurs alliés, des autres vivants et d’eux-mêmes

 

Ils prospérèrent

Car si leur situation n’était pas plaisante elle était moins exécrable que celle des autres vivants

Et, progressivement, chaque vivant perçut que si la compréhension était inatteignable, la soumission aux Eléments et à leurs alliés était intolérable

 

L’isolement et le refus se propagèrent

Sans réponse des Eléments qui ne pouvaient comprendre ce qui se passait

Et pensaient que la rébellion était le fait des autres

Le combat entre les Eléments s’amplifia tandis que l’isolement des vivants par rapport aux Eléments et à leurs alliés se propagea

 

Bientôt, certains des vivants se séparèrent des Eléments et de leurs alliés

Et s’instituèrent en êtres différents et autonomes

Ne répondant ni des Eléments ni de leurs alliés

Rejetant ces derniers

Et refusant que quelque vivant que ce soit ne se reconnaisse dans un Elément ou un de ses alliés qui s’appelaient dieux, déesses, prophètes, saints, idoles, justes, héros, bienheureux, élus, augures ou croyants

Il y avait ainsi au sein du Principe enfoui dans sa grande Torpeur une infinité d’Eléments se combattant et une finalité de vivants s’isolant

 

Les Eléments comprirent le danger que représentait la rébellion de certains des vivants

Le risque d’être pris en tenaille entre le Principe qui avait déclanché le Glissement à Rebours et les vivants qui s’étaient isolés d’eux

Ils déclanchèrent alors le temps de l’incompréhension, des faux jugements, de la confusion, de l’ambiguïté et de l’erreur

 

Le temps de Babel, de Naos et des chevelus était venu

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