Après Alkmar
Le contentement s’installa
Le peuple d’Alkmar prospéra
Avec d’autant plus de vigueur qu’il n’avait pu exister durant tant de siècles
Les pierres devinrent des hameaux
Les hameaux devinrent des villes
Les villes devinrent des cités sans limites
Construites au dessus des ruines qui rappelaient qu’en son temps le peuple d’Alkmar avait vécu enterré et isolé
Les cités finirent par tutoyer le ciel
Mais leurs fondations demeuraient solidement ancrées dans le sol recelant le sang et les os de ceux qui les avaient précédés
Les cités se réunirent et le peuple d’Alkmar bientôt dressa ses yeux vers le ciel dont il avait si souvent eu peur
Avec fierté il le regarda
Voisinant avec ses constructions
Ses machines et son orgueil
Fier d’être après avoir subi
Et ceci dura
Jusqu’à ce que la voix ne se fasse plus entendre
Et que le peuple des enterrés ne comprenne que leur roi était mort
Seul au fond de son puit
Et le mot Alkmar ne soit plus prononcé
Les plongeant dans un désarroi encore plus intense que celui dans lequel ils avaient subsisté durant des millénaires
Et auquel ils ne parvenaient plus à s’habituer
Et lorsque des isolés d’autres espèces
Intrigués par le jaillissement de pleurs vinrent à leur rencontre
Et prononcent le mot d’Alkmar de manière bienveillante
Ils les tuèrent en les lacérant de leurs griffes puissantes
Tuer pour oublier
Qu’Alkmar ne serait plus
Et que leur prospérité ne serait qu’une parenthèse
Au milieu d’une histoire ancrée dans les souterrains de générations qui n’étaient plus, et ne seraient plus jamais
Qu’ils n’allaient bientôt plus être qu’un bâillement ou une hésitation
Une hésitation qui s’achevait
Pour l’éternité de ceux qui avaient été isolés
Et souhaitaient ne plus l’être
Mais ignoraient encore comment