Chronique – interruption


DE MON LICENCIEMENT ET DE L’INTERRUPTION DES CHRONIQUES…

La chose la plus étrange qui soit vient de m’arriver… j’ai été licencié par mon réfrigérateur.

Pour celles et ceux qui n’auraient pas suivi mes chroniques précédentes, je voudrais simplement rappeler que mes relations avec ce meuble s’étaient améliorées ces derniers jours. Nous avions en effet décidé d’enterrer nos différends et de créer un triumvirat avec l’extincteur de l’entrée dans le but de rédiger des chroniques calibrées, ciblées et étoffées destinées à un large public.

Ceci n’aura cependant duré qu’une journée. J’ai reçu ce matin un recommandé m’enjoignant de me rendre instamment au tribunal des pétitions ordinaires sis à la rue de la mosaïque dorée derrière le théâtre de l’avant-garde en marche et devant la salle de concert des classiques en retour. Je devais m’y rendre avant 11 heures et après 10 heures 55 pour une séance de mise en demeuré dont la durée était évaluée à 4’ 33’’.

Conformément à la loi sur la protection des données de caractère confidentiel, aucun détail n’était avancé sur les raisons de cette convocation et c’est tout naturellement le cœur léger que je me suis rendu à ce rendez-vous qui n’avait rien de galant, sachant par expérience que le premier contact avec l’autorité est crucial et que des gouttes perlant sur le front, des sueurs froides ou une mauvaise haleine sont de nature à attirer les pires avanies au titre de la loi 123hg/zzz/2 lettre c) sur la présomption d’innocence.

Souriant et confiant je me suis présenté au préposé de service qui m’a annoncé au juge qui lui-même a cédé la parole au greffier qui lui m’a indiqué que la loi serait appliquée dans toute sa justesse et sa clémence légendaire avant de redonner la parole au juge qui lui n’a pas jugé bon de me la donner en vertu des autres dispositions légales dont il m’a dit qu’elles prévaudraient dans les circonstances dans mon intérêt ainsi que celui de la douce et bonne justice. Je me suis tenu coi et ai écouté.

Bientôt, après un long silence passé à lire mon dossier j’ai appris ce qui suit :

– mon réfrigérateur se prévalait des dispositions des lois fondamentales en matière des droits de l’humain, des libertés fondamentales, des devoirs sacrés de l’individu, des droits et devoirs d’indignation et de la protection de la société pour ester en justice à mon encontre ;

– mes chroniques étaient considérées comme diffamatoires et blasphématoires à l’encontre des matériels électriques et similaires, en particulier ceux visant à réfrigérer les aliments ;

– la diffusion des chroniques à un large public multipliait les préjudices subis par le plaignant ;

– et le ton, style et fond desdites chroniques étaient de nature à engendrer complexes, sentiments d’humiliation et stress profond pour ledit plaignant.

Durant les 2’15’’ réservées à la défense, j’ai argué du caractère humoristique de mes chroniques ainsi que des buts et objectifs de celles-ci consistant à fournir un regard différent sur l’actualité (NDLR : publicité clandestine réprimée au titre des législations sur la liberté de pensée) mais je n’ai pas pu achever ma plaidoirie faisant face à l’accusation de tentative de défense sans entremise d’un avocat qui est réprimée par les articles 230 à 987685 du code de reprise pénale et surprise civile.

Puis on m’a reproché de ne pas avoir fait la preuve inéluctable du caractère humoristique de la chronique dont il s’agissait dans les 5’’ restants consacrés à cet effet.

J’ai ensuite été enjoint d’appliquer le jugement lorsqu’il serait rendu et qu’entre-temps je devais me mettre à disposition des autorités compétentes dont le nom me serait communiqué ultérieurement.

Enfin, j’ai appris que le licenciement en tant que sanction de mes manquements divers était effectif à compter de ce moment précis sans attendre l’énoncé du verdict.

J’en déduis donc que le triumvirat est dissous et que je suis évincé de mes fonctions éditoriales.

Le greffier qui m’a donné une paire de tenailles dans un but que j’ignore m’a tapoté l’épaule en murmurant, ‘marche, encore, toujours’, et s’est éloigné en souriant. Ceci m’a quelque peu rassuré.

Je ne sais pas quelles seront les conséquences pour vous, lectrices et lecteurs qui sont si chers à mon cœur. Nous verrons bien.

Soyons flous.
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3 commentaires sur « Chronique – interruption »

  1. Se sont filous, surtout pas d’amputation prématuré, sang froid garder, la tenaille dans la poche revolver , et le Glöck a vue de mire, rester serin , a l’abris encagé,moi ça fait +3ans qu’en placard je suis et tjrs en panne de frigo, courage …!!!

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