Chronique – 48


Du courrier des lecteurs, des éclaircissements nécessaires à certaines questions laissées en suspens dans les chroniques antérieures, des pingouins de l’atlantique nord, de la reproduction et de la longue marche des réfrigérateurs et du regard de Maria

Bien qu’il soit difficile de réagir aux multiples missives des lecteurs et lectrices en déambulant dans des marchés grouillants de vie, je voudrais cependant revenir sur le courrier électronique d’un certain Jean Maurer de Lalignetrois, habitant d’Oise-sur-Seine qui, après avoir souligné quelques aspects positifs de cette chronique, notamment sa justesse scientifique et sa fine analyse des évènements politiques et artistiques, regrette cependant un manque de cohérence et précision dans l’exposé de certaines situations.

Il mentionne en particulier (i) du caractère absurde représenté par des pingouins portant des lunettes puisque par définition, selon lui, les pingouins n’ont pas d’oreilles et ne pourraient prétendre porter de tels artifices.

Il se réfère ensuite (ii) aux tribulations du réfrigérateur colérique et s’étonne du fait que celui-ci accompagne les autres personnages, au demeurant fort sympathiques, dans leur errance sachant qu’un réfrigérateur est un meuble fort lourd et encombrant, composé de multiples tiroirs, caissons et composants électriques et hydrauliques et ne peut qu’éprouver des difficultés considérables à se mouvoir comme peuvent en témoigner tous ceux et celles ayant eu un jour à déménager une cuisine.

Enfin, notre lecteur fidèle se réfère (iii) au regard de Maria et regrette que nulle description n’accompagne le postulat de base selon lequel celui qui en est le sujet ou objet y disparaît immanquablement. La conclusion est selon notre aimable lecteur fort logique à savoir que les textes dont il s’agit perdent dans de telles circonstances leur crédibilité et intérêt, l’attention des lecteurs et lectrices étant distraite par des caractéristiques secondaires et de nature surréaliste.

Je voudrais naturellement remercier Monsieur Maurer de Lalignetrois pour ses propos et commentaires chaleureux et répondre à ses interrogations de la manière suivante en espérant que ceci recadre pleinement le propos, attendus et avenants des chroniques :

(i) les pingouins aux lunettes roses dont il est souvent fait question dans cette chronique sont au nombre de trois, proviennent de l’Atlantique nord et n’ont pas de lobes d’oreilles permettant de tenir les lunettes roses dont ils aiment se parer. Ils sont comme chacun se le rappellera grands amateurs de Piero della Francesca et c’est en scrutant le détail des œuvres de ce dernier qu’ils ont pris l’habitude de porter des lunettes pour presbytes. Ils portent celles-ci légèrement penchées sur leur bec et tenues autour de la tête par un bandeau de tennis rose sur lequel a été brodé le nom de Piero en fil jaune assez épais et imperméable. Nous sommes profondément reconnaissant à notre cher lecteur pour nous avoir permis d’affiner cette description.

(ii) le réfrigérateur colérique est membre de l’espèce dite ‘chalumeau 5’ apparue en occident aux environs des années 1987/88. Les caractéristiques de cette famille sont je pense assez connues, notamment une croissance naturelle durant toute leur vie, passant du stade d’enfant en caisson unique, à double caisson réduit pour studio, puis format adulte simple, double et enfin obèse de type américain 6 pour terminer en formation double dite congélation et réfrigération totalement séparées en caissons uniques grand volume. La reproduction des grands réfrigérateurs suit les séquences de la mitose, je veux dire la reproduction cellulaire asexuée, avec en particulier la métaphase, l’anaphase et la télophase. Ceci a été décrit de manière très précise par Duchamps Mops et Helen Myosis en 1992, ce qui leur a valu le Nobel cette année-là.

Le déplacement des réfrigérateurs sur lequel je n’en dirais pas trop, un film étant en préparation pour cet automne, reprend les caractéristiques des marsupiaux, avec des bonds de 1 à 3 mètres effectués par appui sur les roues excentrées placées à l’arrière du socle inférieur puis propulsion de type ‘Menchner Bis’ et récupération cylindrique antérieure. L’ensemble est harmonieux et efficace conférant à la démarche des réfrigérateurs le charme incontestable des danses de combat des nomades hamitiques Béja.

Enfin, s’agissant des yeux de Maria (iii), je voudrais rappeler que ceux-ci contiennent en essence et substance le charme féminin de tous les lieux et temps et leur description en est rendue de la sorte parfaitement délicat et complexe pour un humain masculin forcément maladroit et grossier.

Leur couleur est largement gris-bleu avec des touches isolées de jaune paille, de miel, de vanille, de jasmin et de lys. Le regard de l’observateur se trouve ainsi envoûté largement et profondément dans un Maelstrom qui ne peut être décrit avec précision et détails dans la mesure où celui que s’y trouve emporté n’a guère le loisir de se complaire à explorer les nuances de ce qui va l’absorber.

Néanmoins les comparaisons suivantes peuvent être apportées : course du félin dans la savane africaine, coucher de soleil sur l’île de Praslin, reflets de la lune sur le lac Titicaca, senteurs des marchés de fleurs asiatiques, finesse des peintres de la Renaissance, sourires du Bengale, manuscrits rares irlandais du XIème siècle, route de la soie, ivresse des profondeurs, miel de sapin, exaltation des hauteurs et damasseries. S’agissant de la voix de Maria, sa pondération, justesse, précision, sagesse et clairvoyance, ceci devra être abordé ultérieurement lorsque le vertige qui me saisit aura disparu.

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