Fragments d’épopée – 14


 

Après Alkmar

 

 

Le contentement s’installa

Le peuple d’Alkmar prospéra

Avec d’autant plus de vigueur qu’il n’avait pu exister durant tant de siècles

Les pierres devinrent des hameaux

Les hameaux devinrent des villes

Les villes devinrent des cités sans limites

Construites au dessus des ruines qui rappelaient qu’en son temps le peuple d’Alkmar avait vécu enterré et isolé

Les cités finirent par tutoyer le ciel

Mais leurs fondations demeuraient solidement ancrées dans le sol recelant le sang et les os de ceux qui les avaient précédés

Les cités se réunirent et le peuple d’Alkmar bientôt dressa ses yeux vers le ciel dont il avait si souvent eu peur

Avec fierté il le regarda

Voisinant avec ses constructions

Ses machines et son orgueil

Fier d’être après avoir subi

 

Et ceci dura

Jusqu’à ce que la voix ne se fasse plus entendre

Et que le peuple des enterrés ne comprenne que leur roi était mort

Seul au fond de son puit

Et le mot Alkmar ne soit plus prononcé

Les plongeant dans un désarroi encore plus intense que celui dans lequel ils avaient subsisté durant des millénaires

Et auquel ils ne parvenaient plus à s’habituer

 

Et lorsque des isolés d’autres espèces

Intrigués par le jaillissement de pleurs vinrent à leur rencontre

Et prononcent le mot d’Alkmar de manière bienveillante

Ils les tuèrent en les lacérant de leurs griffes puissantes

Tuer pour oublier

Qu’Alkmar ne serait plus

Et que leur prospérité ne serait qu’une parenthèse

Au milieu d’une histoire ancrée dans les souterrains de générations qui n’étaient plus, et ne seraient plus jamais

Qu’ils n’allaient bientôt plus être qu’un bâillement ou une hésitation

Une hésitation qui s’achevait

Pour l’éternité de ceux qui avaient été isolés

Et souhaitaient ne plus l’être

Mais ignoraient encore comment

Fragments d’épopée – 13


Le chant d’Alkmar


Parmi les isolés il en était qui avaient poussé leur refus des autres jusqu’à s’enterrer dans des réseaux souterrains

Ne sortant que lorsque la nuit était profonde

Evitant ainsi la possibilité de toute rencontre si ce n’était celle que leur instinct les poussait à avoir pour que l’espèce se reproduise

Et passant la plus grande partie de leur temps à pleurer ce qui était si profondément ancrés en eux

La douleur des générations oubliées et des peuples disparus en laissant en souvenir des ruines incompréhensibles mais marquées à tout jamais par le sceau de la haine et de la mort

Les enterrés ne se rencontraient jamais

Avaient presque complètement perdu la vue

Se reconnaissaient et se fuyaient à l’odorat

Etaient agiles, minces et souples

Rampaient avec agilité dans des veines qu’ils creusaient avec les griffes qui s’étaient déployées au bout de leurs membres

A l’extérieur lors de leurs pérégrinations annuelles, ils parvenaient avec peine à se dresser

Et marchaient en ondulant avec maladresse et tristesse

De longues ombres avançant avec difficulté sur un sol hostile

A la différence des autres isolés, ils se réunissaient une fois par an sous les ruines de Babel, de ses sept fortifications sans portes mais avec monuments à la gloire des vivants et à la haine des Eléments et de leurs alliés

S’étonnaient des blocs massifs, du marbre, des colonnes, des statues et des mosaïques

Des artères lisses et douces

Des canalisations profondes et immenses, s’étendant sur des étendues vastes et souterraines et autrefois amenaient l’eau à chaque maison, à chaque habitant

Des rues et immeubles géants qui pour la plupart détruits ressemblaient à des monstres sans vie, noircis par le feu, rougis par la honte et paralysés par l’oubli

La nuit tombée, les enterrés rampaient dans les ruelles au milieu des gravas et ruines et sous la clarté de lunes qui n’éclairaient plus que pour elles mêmes et quelques errants sans intérêt

Et s’interrogeaient sur ce qui avait été mais ne comprenaient pas et ne souhaitaient pas percevoir au-delà de ce qui était leur vision particulière d’un passé fait de mort et de sang

Ils erraient puis cessaient de songer à ce qui avait été pour se distraire dans ce qui allait être

Croisant d’autres eux-mêmes qu’ils n’avaient pas vus depuis un cycle de vie

Découvrant la multiplicité des vivants

Assurant la survie de leur peuple

Et repartant sans avoir prononcé un son

Sans un regard pour ceux qu’ils avaient rencontrés

Bouleversés au point que certains en perdaient la vie

Par peur ou confusion

A l’issue du pèlerinage annuel, les enterrés quittaient les ruines de Babel

Pour se réfugier chacun dans son puit

Au fond d’un gouffre fait d’isolement et de rancœur

De tristesse et mélancolie

Et commençaient à pleurer

Depuis des cavités dont l’écho se prolongeait jusqu’au ciel

Et attendaient que la nuit des temps passe

Se demandant qui ils étaient et ce qu’ils faisaient dans un monde qu’ils ne comprenaient pas et dont ils avaient peur

Regardant les étoiles la nuit passer loin au dessus d’eux dans un ciel qui avait la taille d’un œil ouvert avec frayeur sur des infinis sans explications

Jusqu’à ce qu’un jour, l’un des enterrés, reconnut une  étoile rouge qui revenait chaque nuit pendant quelque temps avant de disparaitre puis revenait un an plus tard à nouveau et encore une année plus tard

Il finit par la nommer Alkmar puis psalmodia son nom

D’abord doucement et maladroitement

Puis de plus en plus vivement

Jusqu’à ce que le mot devienne un symbole

Qu’il résonne dans le silence d’une nuit quasiment éternelle

Et ne soit entendu par delà son puit

Par d’autres enterrés qui crurent qu’il s’agissait d’un signe, un symbole de la fin d’une attente, du début d’une nouvelle ère, qu’ils nommèrent instamment Alkmar

Et à laquelle ils associèrent celui qui avait pour la première fois reconnu son aura

Et pour ce faire rampèrent hors de leurs puits

Et se réunirent aux bords de la cavité qui contenait l’enterré chanteur

Ayant découvert l’étoile rouge et chanté son nom

Et le louèrent en grognant et bafouillant des sons qui ressemblaient à Alkmar

Ils se nommèrent ainsi Aldar, Albgar, Amkar, Abdam, Amam, Alsmam

Fils et filles d’Alkmar

Et de tous les autres à la fois

Riant du plaisir de s’entendre

Ensemble pour la première fois

Réunis par les chants d’Alkmar

Apprenant à vivre ensemble

Rire ensemble

Travailler ensemble

Et mourir ensemble

Et tous sortirent

Rampèrent et se réunirent toutes les nuits durant lesquelles l’étoile rouge passait au dessus de celui qui l’avait nommée Alkmar et était désigné ainsi

Et prirent l’habitude de se retrouver

Même lorsque l’astre rouge n’était pas là

Ils se félicitèrent de pouvoir se voir et s’entendre sans avoir peur

De se toucher

De se reconnaître

De se distinguer

Et de s’apprécier

Sans que la mort ne les surprenne

Et ils sourirent

Trop heureux de surmonter enfin la peur et la tristesse qui depuis une éternité perdait les enterrés dans une mélancolie sans nom et une tristesse à son image

Seul Alkmar resta dans sa cavité

Ne sortant qu’une fois par an pour rejoindre les siens dans les sous-sols de Babel tout en psalmodiant en murmurant le mot d’Alkmar dans un recueillement solennel entouré de milliers d’autres enterrés qui le vénéraient tel un demi dieu et se prosternaient à son passage

Et revenant ensuite dans son puit trop impatient d’attendre son étoile rouge que seul il avait vu mais dont tous avaient entendu le nom sans savoir de quoi ou qui il s’agissait

Les autres enterrés bientôt ne le furent plus

Apprenant à vivre à l’air libre

Se défaisant de leur aveuglement

S’ouvrant au monde qui s’épanouissait autour d’eux

Fragments d’épopée – 9


La folie de Spica

 

Lorsque Spica et les chevelus se ruèrent sur le peuple de Naos

Celui-ci ne parvenait pas à se remettre de la fatalité et la cruauté d’un destin d’autant plus amer que la victoire sur Babel avait été éclatante

Trois générations d’innommables s’étaient succédées et avaient vécu dans des conditions difficiles

Les maux s’étaient abattus sur Naos tels des mouches sur des visages accablés de chaleur et transpiration

Lorsque les chevelus déferlèrent par vagues incessantes et tumultueuses sur les villes de Naos ils purent les détruire les unes après les autres sans rencontrer de grande résistance

Car le peuple de Naos n’était pas guerrier

Et sa résistance était amoindrie par le fait des Eléments et de leurs alliés

Spica précipita ses armées sur un peuple et un sol appauvri

Les chevelus se précipitèrent sur les cités de Naos

Se ruant sur l’une après avoir ruiné l’autre

N’en épargnant pratiquement aucune

Pillant et tuant

Violant et torturant

Pour le plaisir d’offrir aux idoles qu’ils vénéraient et aux dieux qu’ils respectaient le sang de ceux qui s’étaient rebellés

Et ne restait après leur passage qu’un unique et monotone paysage de mort et de souffrance

Mais le pays de Naos était vaste

Et le peuple des chevelus stupide et inconscient

Laissant derrière eux des victimes nombreuses

Mais également des blessés par milliers

Qui finirent par se regrouper

Et cessèrent de penser que le salut viendrait des autres

Et se regroupèrent

Et oublièrent les dogmes de ceux qui n’étaient déjà plus

Et comprirent que la mort se propageait

Et que s’ils ne faisaient rien elle vaincrait

Et avec elle les Eléments et leurs alliés

Ils profitèrent de la folie de Spica

De sa suffisance

Et de son inconscience

Qui prolongeait toujours plus loin dans le pays de Naos

Vaste et sans limite autre que la mer et les océans

Son assaut brutal et sanguinaire

Oubliant que les terres de Naos ne portaient pas assez de blé pour nourrir les siens et encore moins les terribles envahisseurs

Oubliant également que s’enfonçant à grande vitesse dans ces terres

Ils laissaient aux blessés derrière eux le temps et la haine nécessaires pour les transformer de nabots inexpérimentés en guerriers assoiffés de revanche

Spica était enivré de ses victoires

Qui s’était érigé en dieu vivant et se faisait porter sur un siège d’or par huit esclaves que l’on assassinait chaque soir au coucher du soleil

Qui buvait le sang des meilleurs combattants de Naos

Qui se complaisait dans les bras de celles de Naos qui lui paraissaient à son gré et dévorait devant elle la cervelle de leurs pères

Qui faisait fondre les portes de chaque ville pour les transformer en statue à son effigie

Et qui décida de redoubler de virulence dans ses attaques et divisa ses armées en quatre bras qu’il envoya dans chaque direction

Pour rester seul dans la capitale de Naos avec ses esclaves et son armée de prêtres et soldats prêts à mourir pour le servir

Le conflit dura plus de cent cinquante deux ans

Les armées du Sud et de l’Ouest progressèrent rapidement

Celles du Nord et de l’Est s’enlisèrent après des succès initiaux mais fragiles

Détruisant tout sur leur passage, les chevelus avançaient avec fougue mais sans que ravitaillement ou pacification ne soient obtenus

Abandonnant derrière eux des villes détruites, quasi-désertes, laissées à elles-mêmes dans une misère infinie

Comptant sur les richesses à venir pour subsister

Et la distance entre les armées et Spica ne cessa d’augmenter

Créant des présences fortes mais sans coordination

Mouvant d’un lieu à l’autre sans réponse aux questions posées

Sans contact avec le guide suprême

Et cessant bientôt de se remémorer son être

Il y eut bientôt quatre généraux qui s’imposèrent à leur tour comme des demi-dieux

Se rasèrent entièrement

Et se firent ériger à leur tour des statues et fondre des pièces à leur effigie

Ceux du Sud et de l’Ouest, qui se nommèrent Devida et Deneleab, disparurent dans leurs contrées éloignées et nul ne vint les troubler

Pas même des émissaires de Spica qui se perdirent dans les déserts que laissèrent derrière elles des armées assoiffées de gloire et de puissance

Et furent ainsi oubliés tant par leur maître que par leurs anciens congénères

Tandis que les armées de Delebera et Degina furent très rapidement confrontés à des résistances fortes dont l’intensité fut accrue par l’hostilité des évènements et furent contraints à lutter pied à pied pour avancer sur des terrains délicats et dangereux

Le peuple de Naos, repoussé dans ses retranchements, ayant perdu l’illusion que le bonheur et l’amour prêchés à tout crin pouvaient les sauver face à des peuplades cruelles et sans autre conscience que celle d’assouvir le destin promis par les Eléments et leurs alliés, se mit à élaborer stratégies et plans

Et devint de plus en plus aguerri aux guerres qu’autrefois il menait par l’intermédiaire des pères des chevelus actuels

Et confronta Spica et ses anciens généraux

En l’attaquant là où ils étaient le plus fragiles

Dans l’absence de ravitaillement

La méconnaissance du terrain

La suffisance

L’aveuglement de ceux qui s’imaginent puissants

Et l’habitude des victoires qui diminue la soif du combat

Et plus encore la haine qui s’était installée entre les guides dits suprêmes et leurs propres armées

Le peuple de Naos s’organisa

Il pactisa avec les géants de Babel qui progressivement s’étaient installés dans les villes laissées désertes par les combats meurtriers entre Naos et Chevelus

En concluant que mieux valait s’unir face aux forces que les Eléments et leurs alliés qui s’appelaient dieux, déesses, prophètes, saints, idoles, justes, héros, bienheureux, élus, augures ou croyants avaient mis en mouvement plutôt que mener un combat inutile et contreproductif

Et s’attaquant aux généraux plutôt qu’aux soldats

Semant l’anarchie

Empoisonnant, attaquant à l’improviste par petits groupes isolés, incendiant les palais, brulant les statues des soi-disant dieux vivants, répandant les trésors dans les rues pour enrichir les castes les plus basses

Et assassinant les chevelus lorsqu’ils se trouvaient seuls

Les forçant ainsi à demeurer enfermés dans des leurs citadelles

Et les empêchant de cultiver ce qui les aurait permis de survivre

Le premier à être assassiné fut Deneleab que ses chevelus trouvèrent les yeux crevés dans une flaque de sang et des masses de cheveux collés sur le corps

Le second fut Delebera qui s’étouffa empoisonné lors du mariage de sa fille à un lieutenant de Spica venu le trouver pour lui demander au nom de celui-ci d’accélérer la pacification de son secteur et qui ainsi fut considéré comme l’instigateur de la mort du général des armées du Nord et provoqua la révolte de ces dernières

Le troisième fut Devida qui fut déchiqueté par un molosse que des géants de Naos avaient dressé et affamé durant dix jours et lancé à sa poursuite lors d’une chasse destinée à apaiser une divinité que l’on disait assignée au bien-être des femmes enceintes

Et le quatrième fut Degina retrouvé une lame dans le sternum et une autre dans le bas ventre tandis qu’un autre émissaire de Spica se trouvait à ses côtés endormi par le fait d’une potion préparée par un esclave de Naos

L’anarchie s’installa et la guerre civile prospéra durant laquelle nul ne fut épargné

Le pays de Naos se trouva décimé par les guerres intestines, les ravages des chevelus et la résistance du peuple de Naos et celui des géants de Babel

Et le vaste territoire fut divisé en sept cent trois territoires

Aux mains des uns ou des autres

Selon le hasard des armes

Et celui des destins

Spica finit par mourir, oublieux des guerres et des rébellions, seul au milieu de son corps rapproché qui lui cacha jusqu’au dernier moment que de victoire il n’y avait même plus l’ombre

Il mourut de vieillesse

Dans les bras de ses maîtresses

Ivre de vin et de stupre

Dans son sommeil

Tel un bienheureux

Persuadé que sa destinée était inscrite dans les astres

Et que sa renommée ne s’oublierait jamais

Et que ses statues brilleraient à l’infini des temps et des mondes

Sans imaginer que l’une et les autres disparurent dans la nuit qui suivit l’annonce de sa disparition

Cent cinquante deux ans après le début de l’invasion

 

 

 

Fragments d’épopée – 8


Les enfants de Babel

 

 

Durant les cinquante-sept années noires de Naos

Et tandis que les ruines de Babel achevaient de se consumer

Eux et Nostra

Progressivement

Comprirent qu’ils ne pourraient eux non plus restés isolés

Du monde qui les entourait

Et que s’ils continuaient à le faire

Ils finiraient par tomber dans les mêmes excès que leurs congénères

Feu les géants de Babel

Ils virent autour d’eux les corps des géants se putréfier et être dévorés par les charognes

Ils entendirent les cris des martyrs et des vieillards qui partaient vers les horizons de leur mort sans connaître le répit d’une mort dans le sommeil

Ils observèrent des enfants errants sans buts ni compréhension

Sur les champs de ruine fumant

Que Babel était devenu

Et pleurèrent en les voyant ainsi

Et comprirent qu’ils ne pouvaient les dédaigner simplement parce qu’ils étaient les enfants de doctrinaires

Et de tyrans

Et les recueillirent auprès d’eux

Leur transmettant des valeurs de respect et humilité

Tolérance et compassion

Et distance par rapport aux évènements d’un univers dont ils étaient des pions sans importance particulière mais dont il fallait éviter qu’ils ne deviennent les jouets des Eléments et de leurs alliés qui s’appelaient dieux, déesses, prophètes, saints, idoles, justes, héros, bienheureux, élus, augures ou croyants

Ils leur enseignèrent les lois de la vie

Leur démontrèrent l’absurdité de ce qu’avaient professé leurs ancêtres

Et les amenèrent à vivre leur vie sans essayer de comprendre le sens de ce qui n’en a pas

Leur firent comprendre qu’au-delà des Eléments et leurs alliés, peut-être un jour le Principe s’éveillerait de sa Torpeur et accélérerait le lent Glissement à rebours et que s’achèverait ainsi le temps des Conflits

Les enfants grandirent dans cet esprit

Et se nommèrent Vos, Nos, Jè, Tou, Li, Na, El et ainsi de suite

Jusqu’à l’oméga d’un alphabet ancien que les géants avaient prétendu oublier

Et qui n’était autre que l’expression du long et profond son

Que le silence dans l’obscurité des espaces infinis

Se faisait l’écho pour l’éternité

Ils devinrent nombreux mais pas multiples

Car les géants ne vivaient pas aussi longtemps que les innommables formant le peuple de Naos

Et certains des géants n’étaient pas acceptés car ils colportaient encore les théories et dogmes que leurs parents leur avaient inculqués

Et d’autres finissaient par s’enfuir vers des contrées lointaines pour s’isoler au sein de nouvelles forteresses aux enceintes sept fois plus grandes

Mais toutes aussi vulnérables que celles de la défunte Babel

Les enfants de Babel prospéraient mais consciencieusement et lentement

Sans se douter qu’agissant ainsi ils se préservaient de la furie de ceux qui, ailleurs, préparaient une fulgurante et longue agonie pour les vainqueurs des temps jadis