Chronique – 14


Des autruches et de leur courage et dignité

Le calme est revenu dans ma cuisine. Hier soir, le réfrigérateur, l’extincteur et le Yéti anarchiste se sont assis sur le carrelage et ont contemplé la pluie qui tombait à l’extérieur. Ils y sont encore.

Depuis hier, ils devisent sur le sujet de réflexion que je leur avais suggéré, à savoir pour quelles raisons depuis Pline l’ancien au moins on considère que les autruches sont des animaux stupides et peureux qui enfoncent la tête dans le sable lorsqu’elles sont effrayées.

Je suis rassuré par ce comportement car je dois admettre que les tensions qui sont apparues ces derniers jours et ont culminé hier sont intolérables et difficilement supportables. Elles me mettent en porte-à-faux par rapport aux dispositions légales et règlementaires telles que décrites dans les lois sur le bien-être, la liberté, les droits des humains et de leurs congénères organiques, les devoirs de retrait et les droits d’entrée, la joie et le bonheur pour tous et un peu pour toutes et que la paix soit sur le monde et ailleurs.

De fait, je dois absolument leur faire comprendre qu’en tant que co-auteurs de ces chroniques ils ont une responsabilité non négligeable sur le contenu de ce qui est diffusé, partagé ou effleuré sur le web et qu’en conséquence moins ils aborderont de sujets controversés, délicats ou sensibles et mieux nous nous porterons.

Voici donc un sujet qui ne fâchera personne et qui apportera à chacun en termes de consolidation et expansion de sa culture générale, particulière ou végétale. Dont acte.

Selon le réfrigérateur, les autruches sont des animaux courageux qui vivent en Arctique et hibernent lorsque la mauvaise saison arrive. Elles volent vers le sud une année sur deux et lorsqu’elles rencontrent des baleines elles se mettent à voler en cercle et hurler ‘Drasckh’ pour des raisons qu’elles seules comprennent. Les baleines n’ont jamais compris ce comportement, malheureusement, et de ce fait les éloignent par des jets puissants pour éviter les salissures ou des griffures sur leur dos lisse et fin. Le fait qu’elles aient été vues lors de leurs migrations de nord au sud ou réciproquement en train de se nettoyer le visage de ces embruns a été mal compris par ledit Pline qui comme chacun le sait n’a jamais mis les pieds dans le grand nord et n’a jamais vu de baleines.

Pour le Yéti, les autruches sont des animaux très chaleureux et sociables qui cherchent par tous les moyens à attirer l’attention sur les méfaits d’une vie isolée. Elles haranguent les uns et les autres et leurs suggèrent de mener une vie communautaire basée sur le contentement de soi par celui du groupe, le respect des entités animales, végétales et minérales et la pratique de l’ascèse himalayenne par les gestes et les rites prévus par le grand yéti bleu et retranscrits dans ses pensées sauvages et saines intitulées : ‘Jets et pulsions dans l’orient ancien ainsi que taille des nénuphars’. Ladite gestuelle recommande dans ses livrets 3 et 15 de baisser la tête et procéder à des ablutions à même le sol tout en criant ‘bouah, bouah !’ sept fois. Les autruches se sont conformées à ces rites mais ont payé le prix fort et Pline l’ancien qui comme chacun l’imagine ne comprenait rien aux précis himalayens a procédé à des interprétations oiseuses et hâtives sur le comportement des pauvres autruches.

Enfin, selon l’extincteur, les autruches qui sont des animaux charmants et fins, ont été choisis lors d’une migration extra-terrestre précédente, celle des xilophons, comme représentants en bonne et due forme des populations terrestres et ont appris les prémisses du dialogue intergalactique de base qui enjoint les négociateurs se rencontrant pour la première fois de baisser l’appendice le plus élevé, quel qu’il soit, vers le bas en signe de respect tout en s’embrassant, se serrant dans ce qui peut servir de bras, tentacules ou ventricules, et disant l’équivalent dans leur langue ou dialecte de ‘ami, aimer, cher, joie, bonheur, paix, volupté’ et ce avant tout coup fourré de première, deuxième voire quatrième catégorie – seule la troisième catégorie étant exclue selon les édits de Naples et Sainte Augustine-la-vive. Les répétitions nombreuses effectuées par les diplomates autruchiens sont ainsi dignes d’éloges et il n’est donc pas surprenant que les humains, en particulier le vieux Pline, n’ai rien compris à cela.

Je laisse ceci à votre réflexion tout en posant ma tête sur le sol pour apaiser mes amis. Nous sommes tous et toutes les autruches de quelqu’un, autant commencer chez soi
§§§22

Penguins were surrounded by shadows which were shouting, crying, singing or dancing. But they could not understand what this meant and whether it was aimed at them or not. They tried to talk to the shadows but none replied. They tried to move away from the shadows but realized that they could not anymore and that walls had formed around them. They felt hopeless and hoped that they were just living in a dreaming world. They decided to sleep in order to wake up…


When the coloured penguins met the exuberant parrots, they realized that they could not speak, a fact which left them in disarray. However, they soon reached agreement over the fact that the issue was listening and understanding and certainly not speaking. All left with a smile in their coloured eyes.


Since they found it very hard to get colours in their ice-packs, penguins decided to name things differently, red became white and blue became black. From that moment onwards, penguins saw one another as red and blue shadows under the green sky and they loved it deeply…